BL5 - La nature de la nature, le moment Darwin, et l'explicitation...

Publié le par 1A 08/09 notes

La nature de la nature, le moment Darwin, et l'explicitation des milieux

 

Le problème complexe abordé auparavant comporte une flèche du temps qui va du passé à l’avenir par un front de modernisation. Plus on avance dans le temps, plus on va vers le progrès et l’émancipation croissante, et en même temps, tout à fait parallèlement, c’est un récit de complications, de compositions et d’attachements entre des choses de plus en plus intimement connues et des hommes de plus en plus nombreux.

Dans quel milieu se déroule l’histoire commune des humains et des choses ?

 

Pour commencer à répondre on s’intéresse à l’anthropologie comparée, à l’aide de deux expériences contraires racontées par Levi Strauss : les Espagnols se demandent si les Indiens ont une âme, les Indiens si les Espagnols ont un corps. D’après le philosophe, les humains sont les seuls légèrement en dehors de la nature, à cause de la culture. Or, d’après Pierre Descola, les Indiens ne comprennent pas cette pensée, ne sont pas « proches de la nature » car celle-là même est une manière occidentale d’aborder les relations entre les êtres humains et non-humains. Les Indiens  sont dans un milieu où tous les êtres sont humains et ne se distinguent que par leur corps.

Plus spécifiquement, dans quel milieu se déroule l’histoire des occidentaux ?

 

I] Comment saisir l’originalité du moment Darwin ?
 

Il est toujours complexe de parler et de comprendre Darwin, notamment à cause de son originalité philosophique, du caractère anti religieux de ses propos et du problème du « darwinisme social ». L’adjectif dans un article suppose l’idée de l’optimum, de la survie des plus forts, de la sélection naturelle. C’est aussi un bon exemple de mélange entre la science et l’économie, ce terme de sélection naturelle étant emprunté par Darwin à Thomas Malthus, moraliste et économistes.

Tout être peut être vu comme une ligne de front dans une lutte entre organismes de la même espèce, entre différentes espèces, et à l’intérieur de chaque organisme entre tous ses composants.

 

Quelle est exactement cette théorie de Darwin ?

Parce que les espèces ont été catégorisées par des fixistes, et uniquement grâce à cela, Darwin a pu imaginer le passage à l’évolution. De plus, il tisse une solidarité entre tous les êtes vivants, et y insiste sur le caractère buissonnant de la lignée humaine. C’est ce dernier point le plus dur à accepter, car il prouve que ce n’est pas vrai que l’évolution va vers quelque part : les humains sont une collection d’exemplaires qui ne sont jamais liés à un « type », idéal, fixé.

Le sens existe, amis il est inhérent à l’être, à l’exemplaire. C’est cette idée qui est toujours refusée, et les possibilités d’une logique de l’évolution, d’un sens supplémentaire ajoutés au pullulement d’exemplaires, sont nombreuses : le type idéal fixé, le plan divin (intelligent design), l’idée d’une évolution créatrice orientée, un strict jeu des contraintes matérielles (Dawkins), ou l’optimum et la survie du plus apte (héritage de Darwin, darwinisme social, mais pas au début).

 

Avantages et limites de la comparaison avec le sélectionneur :

Le sélectionneur, humain voulant transformer une espèce en plusieurs générations, permet de démontrer la plasticité infinie des espèces. Toutefois il a ses limites.

 

Que l’on recherche à ajouter un horloger divin ou un horloger aveugle, c’est de toute façon rajouter un sens là où Darwin ne voyait

 

II] Limites des métaphores mécaniques appliquées à la nature

 

La difficulté de comprendre l’origine vient du fait que les êtres vivants ne sont pas des machines. C’est Von Uexküll qui, d’abord à propos de la tique, explique que l’être vivant est un sujet qui vit dans son monde propre, ne peut être comparé à la machine mais au mécanisme qui dirige la machine. Le monde perçu par l’animal, c’est l’Umwelt, un monde de signification : dans la multiplicité des stimuli, un animal en choisit un nombre limité, et il faut étudier ses actions à travers ces objets qu’il perçoit et cette perception du temps. Ce monde de signification est peut-être extrêmement réduit, mais il est vécu, saisi par lui dans son propre but.

Le monde qui correspond à un animal simple l’est également, celui correspondant à un animal complexe est articulé. Non seulement tout animal est un sujet, mais également toute partie du de l’animal (muscle).

 

Dans ce qui nous environne, il faut dès lors distinguer l’entourage (ce qui environne) de l’Umwelt (ce qui nous environne, ou univers subjectif).

Il n’y a pas de nature pour unifier tous les organismes. On peut relier les Umwelt (milieu pour un sujet) par des relations, mais il n’existe pas d’entourage (d’environnement) qui les engloberait tous et qui serait le « point de vue de nulle part » : d’où l’émergence du problème politique de l’environnement.

 

III] Peter Sloterdijk et l’explicitation des environnements

 

On ne s’est mis à parler d’environnement que depuis qu’il n’y en a plus : comme dans l’espace, personne sur Terre ne sort de sa « combinaison » (et un fort décalage culturel ??) de perceptions, de stimuli « choisis », éléments nécessaires à sa survie. Nous sommes dans une sphère artificielle.
 

En conclusion, il faut se méfier de la notion de nature :

 Le naturalisme est l’un seulement des modes de relation des humains et des non-humains.

La « nature » n’obéit pas à un plan quelconque (ni divin, ni mécanique) mais dépend du pullulement des organismes (le moment Darwin).

La « nature » n’offre pas de point de vue totalisant  sur la multiplicité des Umwelt de chaque organisme (Von Uexküll).

La « nature » a été explicitée par les crises écologiques récentes et entre en politique.

 

A partir de l’idée d’organismes capables, le sens de nature et de naturel devient la recherche d’un

Apprendre à noter les surprenants usages de la « nature » et du « naturel ».

Publié dans Semestre 1

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