Russie-Caucase-UE-OTAN, les liaisons dangereuses ?
Russie/Caucase/UE/Otan : les liaisons dangereuses ?
En la présence de :
M.M. IAKOVLEV, n°2 de l’ambassade de la fédération de Russie en France
Dominique DE VILLEPIN, ancien Premier Ministre, ancien ministre des affaires étrangères, diplomate et écrivain
Emmanuel TODD, sociologue, démographe, politologue et essayiste
Marie MENDRAS, politologue au CERI, professeur à la LSE et à SciencesPo, auteur de "Russie, l’envers du pouvoir"
Salomé ZOURABICHVILI, professeur à Sc. Po, ambassadeur de France en Géorgie, ancienne ministre des Affaires étrangères de Géorgie, diplomate
Anne DE TINGUY, chercheur au CERI, professeur à Sciences Po et à l'INALCO
Thornike GORDADZE, spécialiste du Caucase et professeur à Sciences Po
Restitution de la crise dans un contexte historique :
Pas de problème russe, mais problème US selon Mr. Todt.
-> Dans la moyenne durée (effondrement du système soviétique, retrait de la Russie des démocraties populaires & républiques soviétiques), les US et l’OTAN mènent une politique d’encadrement assez agressive. Les US sont selon lui une puissance déclinante, situation impériale de retrait, comme les soviétiques depuis 1990.
Réalité du monde : succession de guerres initiées par les US et leurs satellites (Iraq, Afghanistan cas à part, Israël au Liban). Géorgie excitée par les US, elt de mystère sur le comportement réel des dirigeants de ce petit Etat. On ne saura jamais comment la décision d’attaquer l’Afkhazie et l’Ossétie a été prise. Depuis 1996, adversaire fondamental des US c’est la Russie, tant qu’elle existe. Absence d’inquiétude pour la Russie : elle est retombée sur ses pieds depuis quelques années, alors pourquoi une sphère de domination impériale ? Sytème d’influence oui, comme ts les pays, mais pays en reconstruction, dc domination impériale impossible. Puissance énergétique Russe n’est pas une menace. Quand le monde occidental s’affaiblit, la Russie s’affaiblit. Puissance démographique déclinante : taux de mortalité important, croissance démographique normale…Donc pas d’expansion démographique énorme. A besoin de l’Europe de l’Ouest.
Choc : réalisation de l’impuissance américaine, et non pas invasion de l’Ossétie en elle-même.
Rapport Europe-Russie : Pb de l’Europe = être pris entre ses intérêts et ses traditions diplomatiques héritées de la guerre froide. Empire US : né de la division de l’ancien monde. Pb des US : empêcher que l’ancien monde revienne en paix et collaboration.
Salomé Zourabichvili : Intervention géorgienne
Opposition démocratique au président géorgien. Depuis le 7 août, date de l’intervention, elle s’efforce de garder une ligne la plus raisonnable possible. On ne rend pas cpte des choses quand on essaye de faire porter la responsabilité d’un côté, n’importe lequel.
Responsabilité collective, pas équitablement partagées mais très présente.
Responsabilité de la Russie : pays le plus puissant. Russie reconnaît la souveraineté de la Russie mais pratique pas à pas une politique d’annexion.
Responsabilité géorgienne : août : offensive militaire. Population géorgienne témoin. Pas de doute non plus pour les ONG. Géorgie n’a pas eu de conflit avec l’Aprasie.
Responsabilité US : Pas du tout selon elle.
Mr Iakoviev : La russie a-t-elle répondu à une provocation ? Ou stratégie ?
Intervention en Ossétie du Sud : aggression pure, tentative de génocide et d’extermination de la population civile.
Occupation de la Géorgie (pas au sens pur). La Russie a utilisé les moyens qu’elle avait (plus lourds que légers) pour sortir la population de cette situation.
Derrière ce qui se passe actuellement dans le monde, intentions des gdes puissances. A la veille des élections US, les forces politiques cherchent à trouver qqch pour faire perdre du crédit à leurs adversaires. Deux Etats ne peuvent pas être considérés comme des vrais pays démocratiques : Russie a entamé sa démocratisation il y a une quinzaine d’année, il est difficile de dépasser l’héritage, méthodes totalitaristes etc. En Géorgie, c’est pareil.
Nvelles et jeunes démocraties sont prêtes à accepter des leçons, mais rôle des mass médias etc. donnent des infos différentes, contradictoires etc.
Anne de Tinguy : Est-ce que le succès militaire de Poutine est également un succès politique ?
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Est-ce qu’en définitive les positions de la Russie après l’intervention sont plus assurées qu’avant.
Kremlin a fait deux paris (sinon 3) :
1) Renforcement de la position dans l’ex territoire soviétique -> pol de contrainte plutôt que de convaincre. Retour en arrière : révolutions de couleurs, la Russie aurait pu se dder pourquoi l’occident exerce-t-il une telle attractivité pour les pays soviétiques. Russie agit à chaque fois en ayant recours à la contrainte, moyens éco, énergétiques non négligeables + force.
2) Pas d’isolement international consécutif à cette action, même si critiquée.
Réactions immédiates de l’Europe : n’ont pas cherché à isoler la Russie. Rôle de médiateur. Enquêtes d’opinion : image de la Russie très dégradée ds les pays Euro. Russie très largement perçue comme une menace dans la plupart des pays euro.
Dominique de Villepin : L’Europe dans cette crise s’est-elle affirmée ? En a-t-elle vrmt les moyens ? Bilan de la présidence française de l’UE.
Enjeu central pour l’Europe. Effacement des US dans cette crise, raisons d’enjeux vitaux qui ne s’expriment pas de la mm façon pour l’Europe et pour les US.
Empire US : questions de sécurité : interventions sur l’ensemble de la planète.
S’agit-il d’une action ponctuelle ? Ou est-ce une stratégie russe ?
L’Europe a pris la mesure de cette crise. Premiers mots sont très importants, ils fixent la suite de la conduite. Parole forte de l’UE vis-à-vis de la Russie à la Géorgie. Les US ont laissé l’UE gérer la crise au premier rang. On voit mal les perspectives de solution de fond de cette crise.
Conflit de principe entre le droit à l’autodétermination des populations (Géorgie + précédent du Kosovo) et l’intégrité de la souveraineté de l’Etat.
Europe = une partie de la crise, a le plus de carte à jouer pr trouver une bonne solution,
Ne s’est pas affirmée dans les dernières années dans le secteur (-> crise des Balkans, première intervention US et aide UE). Esquisse d’un mvmt : l’Europe est prête.
Statut quo ou fondation ?
Pour l’Europe, s’arrêter à la situation actuelle (option la plus probable) c’est une « grenade dégoupillée ». Assurance d’une catastrophe annoncée qui coutera plus cher que la première crise. Se joue tout l’avenir des relations entre l’UE et la Russie, se joue également l’avenir des relations
L’Otan est en grande partie LE pb pour lui. Transformée en organisation humanitaire ou militaire mondiale. Incapacité des US et de l’UE à définir l’OTAN fait jouer les peurs, plus pb que solutions. Il pense que la solution est dans la main de l’UE pour avancer vers la Russie, solution historique qui comprend la position russe & la position caucasienne. Relents soviétiques, pb=identitaire.
1991 : occasion ratée de tendre la main à la Russie, d’éviter ts les pbs actuels avec la Russie.
Il faut aller bien au-delà du partenariat proposé, aller plus loin que la « fossilisation » de la diplomatie. Nouvelle dynamique euro nécessaire. Question la plus difficile de la diplomatie : on peut geler les crises, mais il faut aller plus loin pour éviter l’explosion.