Conférence avec Robert Badinter
HUMAN RIGHTS WATCH : « Les droits de l’homme aujourd’hui : les ombres et les Lumières »
Jean-Louis Servan Schreiber : Président de la section française de Human Rights Watch.
Human Rights Watch : Informe sur les atteintes aux dts de l’homme depuis 30 ans à partir d’infos récoltées dans 80 pays. Pression constante sur les gvts pour qu’il soit porté considération à ces pbs.
Organisation vient de se voir décerner le prix quinquennal des droits de l’homme par les Nations Unies. Aujourd’hui, à Oslo, vient être signé le traité d’interdiction des bombes
Robert Badinter vient dire sa conception du bilan des droits de l’homme dans la période récente. Il est aussi le membre le plus éminent du comité de soutien de Human Rights watch en France.
Robert Badinter : pendant 30 ans un très grand avocat. Devenu, en 1978, sauvé Patrick Henry de la guillotine, avocat le plus réputé de France. Entré en politique en 1981, Garde des Sceaux de F. Mitterrand, a fait voter l’abolition de la peine de mort en France. Présidé le conseil constitutionnel, et unique député socialiste des Hauts de Seine depuis 13 ans.
Le Genepi : association des étudiants qui militent pour la formation des détenus. Aide à la formation des détenus.
R.B : Par rapport à il y a 10 ans, période de régression, aucun progrès. Dates et causes démontrables. Il y a 10 ans, anniversaire de la déclaration universelle des dts de l’ho (1948).
De 1948 donc à la chute du mur : affrontement idéologique entre deux conceptions des dts de l’homme : classique (Tocqueville, Aron vs. vision des Etats socialistes des dts de l’homme).
Victoire de Tocqueville sur Marx. 1948 : Etudiant à Columbia, il a entendu le procureur général Vichillisky (ancien procureur général de l’URSS, staliniste) dire que les droits de l’homme sont des droits formels et non réels. Il n’était pas sûr que cette déclaration passe.
1998 : Oechuménisme des droits de l’homme, hommage universel, période euphorique.
Adoption en 1998 pendant la commémoration d’une déclaration à l’unanimité aux Nations Unies qui soulignait le caractère universel de cette déclaration.
= Derniers elts de progrès
Dernière conquête des droits de l’homme : fin 1998 : 120 états ont voté la création de la cour de justice internationale.
Moment historique qui marquera le changement : Attentats du 11 septembre 2001. A partir de ce moment, changement radical. Face au terrorisme, pas d’équivoque.
Diagnostic du juriste : le terrorisme, en tant qu’il se manifeste comme une action destinée à semer la terreur & la dévastation parmi des populations civiles et anonymes (on tue des gens que l’on ne connaît pas) = CRIME CONTRE L’HUMANITE.
Tentative de réforme des Nations Unies (initié par Kofi Annan, il en a fait partie), essai de définition du terrorisme en tant que crime contre l’humanité = pas accepté, à cause du conflit Israélo-Palestinien.
Politique conduite par les US a engendré des conséquences pas encore assez clairement perçues. Accusation le plus communément portée contre les sociétés occidentales : accusation de « doble-standart ». On essaye de rappeler le caractère prépondérant des droits de l’homme, quand il s’agit de notre intérêt, on ne l’applique pas.
politique choisie par le gouvernement des US ; violation absolue des principes des droits de l’homme (-> Guantanamo, « Waterloo moral des droits de l’homme »).
Le compare au désastre moral de la guerre d’Algérie. Conflit post-colonialiste voué à l’échec comme l’invasion de l’Iraq. US : se veulent champion des droits de l’homme, naissance de la démocratie. Or passage d’un « Patriot Act » et d’autres textes => négation totale des droits de l’homme, « doble standart ».
Il est donc difficile d’aller aux Nations Unies et de plaider pour le respect des droits de l’homme, car on peut rétorquer qu’en Fce ils ne furent pas respectés (-> Guerre d’Algérie).
Dans l’Europe entière : fichage, extension de la garde à vue, écoutes généralisées, échange des documents… REPLI des libertés publiques face aux menaces terrorismes.
A l’euphorie des années 1990, retrait depuis 2001. Terroristes 11 sept : pointer du doigt l’Occident, leur vision des droits de l’homme = piège, rhétorique.
Aujourd’hui : crise idéologique aigüe des droits de l’homme. Human Rights Watch = Universalistes, ils ne conçoivent pas que ts les hommes ne bénéficient pas de leurs droits fondamentaux, même les différences culturelles ne doivent pas gêner cela.
Le multiculturalisme proclame une vision différente, différente du combat idéologique précédent.
Contrôle de consti des lois : Etats occidentaux, au regard du Bill Of Rights. Pakistan : contrôle de consti au regard de la Charia. Confrontation de deux visions des droits de l’homme concernant la lapidation des femmes : universalistes -> impossible, souverainistes : ne veulent pas que l’on leur impose, si cela est conforme à la vision qu’ils en ont, on a rien à leur imposer.
Encore une fois, pas d’ingérence dans les droits de l’homme d’un pays selon sa reli.
Aujourd’hui, aux nations unies, positions multiculturelles -> diversité des nations représentées.
Nous nous trouvons ds une situation qui n’est pas prête de s’apaiser. Le fait d’avoir ns même tourné le dos aux fondamentaux des droits de l’homme, affaiblit le rayonnement de la pensée occidentale en matière de droits de l’homme. Conviction souverainistes apparaissent dans les autres cultures.
Noyau dur de droits de l’homme auquel d’aucune manière on ne saurait déroger quand on a conviction dans les droits de l’homme.
Mariage homosexuel = exigence des droits de l’homme ou produit culturel ?