D10 - L'Italie, du populisme au parlementarisme
Deux blocs face à face : l’Unione et la Casa delle Liberta. On prend les résultats au Sénat d’avril 2006.
À gauche. Il y a une dizaine de partis.
Le plus à gauche est le PDCI de Cosssutta, 1%.
Ensuite vient un autre PC : le Rifondazione, de Bertinotti 7%.
Puis vient l’ancien PC : le DS de Piero Fassino (17%).
Le DS de Bosselli 1%.
Les Verdi de 2% ;
Le Margherita de Rutelli, ancien parti démocrate-Chrétien de gauche 11%.
Italia dei Valori de Pietro (le juge de « mains propres) 3ù
Rad., parti radical italien de Bonino 3%. A été un temps allié avec Berlusconi.
Popolari de UDEUR, 1% (anciens démocrates-chrétiens).
Parti des retraités.
Multipartisme plus restreint.
UDC casini 7%
Forza Italia de Silvio Berlusconi 24%
Alleanza Nazionale de Gianfranco Fini 12% (refondation de l’ex-parti néofasciste Italien)
Lega de Umberto Bossi 4% qui prône l’indépendance d’une partie de l’Italie du Nord, il est très anti-européen.
Ex parti Mussolinien, avec lequel Berlusconi avait essayé de faire alliance 0,6% des voix.
On a une contradiction : polarisation majoritaire : alliance du centre à l’extrême-gauche, dirigée par Romano Prodi, et de l’autre une coalition de droite, et c’est bloc contre bloc. Aucun parti n’ayant eu plus de 1% des voix n’existe, qui ne soit inscrit dans un camp ou dans l’autre. De l’autre côté, on a une bipolarité de coalition extrêmement hétérogène et multipartite. On a un très grand nombre de formations politiques, et pas de cohérence idéologique.
Les origines du système partitocratie
Ce parlementarisme partitocratique vient des spécificités de l’Italie, dont l’unité n’a été fait qu’en 1861. C’est un État à la fois omniprésent et faible. L’État fasciste déjà était centralisé mais corporatisé, ie. envahit par les intérêts particuliers. On parle en Italie de système paraétatique de système de distribution de ressources publiques, de lotissement politicien des emplois, de patronage politique, de distribution politique des sièges dans les sièges d’administration des chaînes, etc… on parle donc de « partitocratia », la toute-puissance des parti.
C’est un État distributeur de privilèges, incapables de distribuer les impôts, etc… d’où une pratique de la fraude, des transactions entre élites, etc…
L’État est né en 1861 sous l’égide des libéraux. Il y avait une tension entre les agricoles grands propriétaires du Sud et les industriels du Nord. Il sont fait un compromis au terme duquel les rouages de l’État sont détenus par le Nord tandis qu’il y a non-intervention au Sud. En 1909 seul 9% de la population a le droit de vote.
Deux sous-cultures politiques se sont constituées hors système : les catholiques et les socialistes.
Des partis de masses sont nés au début des années 20 : Partito Populare des catholiques est puissant. IL y a des grèves, occupations d’usines, etc… en octobre 22, les libéraux cèdent par la peur le pouvoir aux fascistes.
Le PCI s’est transformé en parti de masse après avoir joué un rôle dans la résistance. Son leader fonde le nouveau parti, il le lie à une série de réseaux, d’associations, etc…
Le poids du parti communiste Italien est accentué par les divisions et donc les faiblesses des socialistes.
Face aux communistes, la démocratie chrétienne née dans la résistance bénéficie après la libération du soutient des EU et de l’Église catholique. Des décennies durant, reste le Parti État, le Parti pivot, bénéficiant d’un fort soutient. La Démocratie chrétienne a en son sein une série de courants, qui sont autant de ponts vers d’autres partis. La cohésion de cela vient de l’adhésion à la religion et de l’exercice du pouvoir.
EN 1947, « l’accord initial » va se faire sur le parlementarisme. La république est faite sur référendum de 1946 (choix entre monarchie et république). On a alors l’Arc constitutionnel qui se forme : Libéraux + DCI + Rép. + PSDI + PSI + PCI.
On peut voir la Constitution :
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Titre I : le Parlement
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Titre II : le Président de la république
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Titre III : le Gouvernement
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Titre IV : la magistrature
On n’a pas d’élection directe du président. Pas davantage de quasi-élection du premier ministre. On n’a pas non plus de scrutin majoritaire : proportionnelle pour chacune des chambres. Pas de motion de censure constructive : on peut renverser le gouvernement n’importe quand.
On n’a donc aucune des contraintes qui permet l’avènement d’une démocratie dirigée.
On a de plus un bicaméralisme strictement égalitaire, ie. les deux chambres (représentant et Sénat) sont élues en même temps, selon un mode de scrutin différent, et ont exactement les mêmes pouvoirs, et ce pas seulement en matière législative, mais également le même pouvoir de renverser le gouvernement. On a donc un facteur de faiblesse constitutionnel pour le gouvernement. On a responsabilité permanente devant deux chambres élues toutes deux au proportionnelle : c’est un modèle d’ingouvernabilité, qui n’a longtemps été tempéré que par la présence de la DC (la Démocratie Chrétienne).
De 1947 à 1994, on a en gros domination de la DC.
De 1ç47 à 1963 : centre droit.
De 1963 à 76 : centre gauche.
De 1976 à 79 : compromis historique (avec les communistes)
De 79 à 92 : Pentapartito, puis de Quattropartito (92 à 93).
Donc on a toujours eu une dominance de la DC, sauf avec le compromis historique, mais même là les communistes ne pouvaient pas vraiment gouverner (on n’acceptait pas cela).
Le parlementarisme originel
Les ruptures des années 90
4 types de référendum :
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Initiative législative populaire
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Référendums régionaux
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Modification de la constitution
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Référendum d’abrogation (totale ou partielle) d’une loi, à l’initiative de 500 000 électeurs.
On va s’intéresser au dernier. Pendant très longtemps, se référendum n’a pas joué. Quand il est devenu possible, il y a eu une première phase dans les années 70 où il a servit aux réformes sociétales, contre le double pouvoir dominant (Vatican et DC). Ainsi, en 1974 a été imposée la légalisation du divorce, 1981 légalisation de l’avortement, 87 responsabilité des magistrats.
Dans une deuxième phase, il permet la révolution politico-judiciaire : limitation du vote préférentiel (possibilité de modifier la liste des candidats sur les partis), en 93 suppression de certains ministères, on impose aussi un scrutin majoritaire pour l’élection des sénateurs.
On abolit donc certains des mécanisme de la partitocratie, et de l’autre côté on a aussi l’action des magistrats contre la corruption.
La conjugaison de ces deux phénomènes donne une transformation profonde des partis politiques, et la destruction profonde des partis politiques : destruction de la DC, destruction et disparition du parti socialiste, transformation du parti communiste en parti démocrate de gauche.
Les spécificités du berlusconisme
Le premier vainqueur de la mutation majoritaire est Berlusconi : il gagne les élections de 1994 ? mais la ligue va au bout d’un an rompre l’alliance et le gouvernement s’effondrer, avant l’élection de Prodi en 96.
Mais c’est en 2001 qu’on a sa vraie victoire. On a alors la polarisation droite/gauche derrière un leader, et l’exercice du pouvoir le temps de la mandature par ce leader.
Berlusconi présente pourtant un modèle inédit, celui de la politique entrepreneuriale, et du nouveau populisme. EN effet, l’essor du parti s’appui sur le contrôle des médiats, on a une politique entrepreneriale du parti. On a les clubs de football qui servent de calque pour l’organisation du parti, organisé comme un club de supporters.
Berlusconi utilise sa victoire pour développer son groupe d’entreprise ; il vante de plus la privatisation de la politique. Il fonde son succès politique sur son succès d’entreprise, en disant qu’il va rendre les italiens riches comme il l’a fait pour lui.
Il brise les catégories politiques classiques : il contrôle les média et le pouvoir, il est en opposition constante avec les magistrats.
Explication médiologique de R. Debray de la façon de gouverner :
Logosphère Parler | Graphosphère | Vidéosphère |
Féodalisme Pré-Renaissance État fabulateur Le fidèle Agenouiller L’Église Signe/homme | | |
Berlusconi incarne l’utilisation de cette vidéosphère.
La polarisation majoritaire
Elle est allée vers la bipolarisation, et l’élection quasi-directe du chef du gouvernement.
Les 4 derniers scrutins en Italie ont été des scrutins camp contre camp, coalition contre coalition, chacune des deux étant dotée d’un leader. Le leader de la coalition vainqueur étant appelé à gouverner le pays. DE ce point de vue, on a les premiers éléments fondamentaux de la démocratie majoritaire.
Cependant, il manque un troisième élément : celui de l’effectivité de cette division durant le mandat. IL faut que les deux coalitions s’affrontent clairement, qu’elles soient dirigées par un leader appelé à gouverner, que cette coalition dotée de son leader gouverne effectivement jusqu’aux élections à suivre.
Dans la législature de 94, le gouvernement est tombé.
EN 96, elle est allée jusqu’à son terme mais les contradictions ont fait que les communistes ont fait tomber le gouvernement Prodi, et un ex-communiste à repris le gouvernement. Il a été remplacé à son tour par Amato.
Cela n’a donc fonctionné véritablement qu’une fois, de 2001 à 2006, sous la direction de Berlusconi. Il faudra donc attendre 2011 pour savoir si cette mutation majoritaire perdure.
On peut espérer que oui, car un autre élément a été introduit qui a donné un accroissement du leadership : l’invention de la primaire. Pour la droite, le problème ne se pose pas trop (Berlusconi en est clairement le leader). Cependant, à gauche, il y a beaucoup plus de divisions, d’où l’invention de la primaire qui a eu lieu en octobre 2005, dans laquelle tous les Italiens qui se reconnaissaient comme de gauches pouvaient participer. Ce vote a donné à Prodi la légitimité de la direction de la coalition.
Cependant, on peut avoir peu pur la durée : en effet, les changements nécessaires de la constitution n’ont pas été faits. Ils ont été proposés par Berlusconi, mais vu les conditions dans lesquelles cela a été fait, elles ont été rejetées par les Italiens (il y avait notamment des éléments de fédéralisme qui faisaient craindre une dislocation de l’État).
Berlusconi lui-même a réintroduit des éléments de proportionnelle pour tenter de gagner les élections (il y a cependant un correctif majoritaire). On a donc à la chambre des députés une prime majoritaire qui garantit à la coalition vainqueur la majorité absolue. DE plus, alors que ¼ était élu à la proportionnelle, il a élevé ce nombre à la moitié. Au sénat, elle existe aussi, mais est attribuée dans chacune des 20 régions.
Résultat : Prodi est en tête avec seulement 0,1% des voix ; ils ont près de 80 sièges au Parlement en plus. La gauche a perdu au Sénat, mais comme la prime est régionale (ils l’ont emporté dans plus de régions), ils se retrouvent avec une majorité de 1 siège.
Le multipartisme majoritaire
A gauche, primaire dans l'opposition (à l'italienne) effectuée par les sympathisants
large victoire de Prodi (4,3M de votants)
fusion des partis de gauches = parti démocrate
désignation du leader par une primaire en octobre= 75% en faveur de Veltroni (maire de Rome), 3,3M de votants
des deux côtés, il y a une volonté de transformer la vie politique, avec des partis dominants mais cette volonté bute sur un système parlementariste (proportionnelle)