Melonio 3

Publié le par 1A 08/09 notes

Séance 3

10/03/09

 

 

La question sociale (1) : le compagnonnage, le mutuellisme en France

 

 

Chanson : Les Canuts (Aristide Bruant, 1894)

Célèbre novembre 1831, révolte de l’artisanat traditionnel contre débuts de l’industrialisation. Soyeux de Lyon font travailler 8 000 Canuts proprios de leur métier à tisser, sous eux, encore 30 000 compagnons, salariés à journée et vivant généralement chez les canuts. Concurrence des métiers à tisser. Octobre 1831 : canuts demandent au préfet du Rhône d’avoir salaire minimum, un tarif. Réaction violente de certains fabricants, on abolit tarif et destitue le préfet. Origine de tte une tradition revendicative, influence ensuite série de courants intellectuels : saint simoniens, proudhoniens. Chansons : évocation de la misère, rêve d’un grand soir, renversement des classes.

 

Plan des séances 03 et 04


Première question est celle de la pluralité des classes ouvrières car coexistence entre travailleurs qualifiés (compagnons héritiers d’un savoir faire ancien) et concentration d’un travail industriel nouveau. Classes ouvrières avec opposition géographique : Nord et Est, et France du Sud. Réflexion autour du mot paupérisme. Pas sur la pauvreté individuelle mais en tant qu’elle frappe une classe entière. Toute une réflexion sort de l’émergence des classes industrielles.

Autre question : comment se fait une conscience nouvelle, de classe, socialiste qui entre en tension avec l’idée républicaine. Comment l’universalisme républicain rentre en lutte avec les revendications de la différence ouvrière ?

 

 

Plan de la séance : la question sociale

 

 

 

I)                   Le cadre juridique

 

A)    Chronologie

 

Rappels car la mise en place juridique détermine le vécu et les pratiques de la classe ouvrière.

 

à 2 mars 1791 : décret d’Allarde, suppression des corporations en France au nom de la liberté individuelle car chacun doit pouvoir faire métier qu’il veut.

 

à 4 mars 1804 : Code civil.

            art 1780 : « on ne peut engager ses services qu’à temps ou pour une entreprise déterminée » : situation inverse à aujourd’hui, là CDI pas la norme. Pas de stabilité dans contrat.

            art 1781 : « le maître est cru sur son affirmation » (aboli en 1868). La parole du maître fait foi pour savoir si ouvrier a été payé ou non. Inverse d’ajourd’hui.

 

[IInde Rép : droit au travail, objet de réflexions, pas formalisé]

 

à 15 juillet 1850 : statut juridique des mutuelles. Dès 1860 plusieurs milliers de mutuelles.

 

à 25 mai 1864 : loi sur les coalitions, autorise les grèves qui se multiplient. 1893 : 170 000 grévistes, accompagne le dvpt de la grande industrie.

 

à 21 mars 1884 : loi Waldeck Rousseau, autorise création des syndicats professionnels.

 

à 2 juillet 1890 : abolition du livret ouvrier.

 

B)    Le livret ouvrier

 

Ouvrier devait inscrire les ≠ endroits où il avait travaillé. Contrôle d’une pop ouvrière, dur de retrouver patron si on a eu pb avec un ancien patron.

 

II)                Le compagnonnage

 

A)    Agricol Perdiguier dit Avignonnais la vertu

 

A fait l’objet d’un roman de George Sand.

(1805-1875), surnommé Avignonnais la Vertu car tente d’œuvrer pour moralisation des compagnons. Ecrit les Memoires d’un compagnon, 1854. Important car jusque là on se connaît pas vraiment leur situation. Déjà, il faut savoir écrire et avoir l’idée d’écrire sur sa situation. Il est un ouvrier poète. Député en 1848 dans Vaucluse : c’est en 1848 qu’on commence à avoir des députés ouvriers. Expulsé par coup d’Etat en1851 et s’exile. Modéré, ne participe pas à la Commune.

Aujourd’hui encore 4 corporations de compagnons en France. Permet apprentissage dans métiers difficiles. Ils luttent contre le pouvoir des maîtres, luttent contre les rois, existent dans les pays d’Europe (Zimmerman compagnons charpentiers).

Angleterre du XVIIe : compagnonnages donnent francs-maçons : rites, compas imagerie des compagnons maçons.

Texte p 45 : l’embauche.

Témoin car niveau des salaires régulé par le compagnonnage, il faut un ancien pour assurer qu’on ne va pas sous payer le jeune.

Quand embauché, il faut qu’il rentre dans la société des compagnons. Apprend dessin ; un vrai savoir ouvrier. Vivent ensemble dans une maison tenue par une femme. Prêtent serment à un compagnonnage particulier. Société masculine et fermée. Respectabilité de soi est essentielle.

 

 

 

Ruban dont la couleur détermine le compagnonnage. Canne en version respectable.

 

 

B)    Compagnon tailleur de pierre

 

Ruban d’une autre couleur car tailleur de pierre.

 

Texte : respect, être propre, rangé, pas de tutoiement car forme de vulgarité.

 

C)    Rixe entre compagnons.

 

Gestion interne des conflits, on règle ses affaires entre soi.

On ne fait pas appel à la police, gestion interne. La canne ne sert pas qu’à marcher avec élégance.

 

 

D)    Les enfants de Salomon

 

Chacun des compagnonnages a son saint patron.

 

Salomon, constructeur du temple de Jérusalem. Donc dimension mythique. Salomon unit les 12 tribus du temple, donc unit les ouvriers autour du compagnonnage.

Chansons et festins, on prend en charge les funérailles des compagnons, on va les voir à l’hôpital : solidarité autour d’une culture spécifique.

 

Mouvement d’artisans d’exception, culture ouvrière d’élite fondée sur respect.

 

III)             Proudhon et le mutuellisme

 

Mouvement d’importance majeure.

Courbet est né en 1818, meurt en 1877. En 1853, peint son ami Proudhon. Ici est visible la doctrine de Proudhon : en blouse d’artisan, avec des livres, intellectuel prolétaire. Près de lui, ses filles, signe d’un rêve patriarcal, ouvrier respectable. Sa doctrine n’est pas celle du désordre. Dans le premier tableau, sa femme était dans la chaise ; là elle a été remplacée par une corbeille.

 

 

 

« Rentrons dans nos tentes, Israël »

 

Circonstances de son livre :

When ? Années 1860 : on pense la séparation ouvrière, émergence d’une Sté qui n’aurait pas besoin d’entrer en dépendance face à une culture savante. Idée que les ouvriers doivent avoir leur propre représentation.

1862 : expo universelle de Londres. Napoléon III fait prendre en charge le voyage de plusieurs ouvriers dont Tollain, rencontrent d’autres ouvriers européens.

17 février 1864 : Manifeste des soixante. Avant les législatives, 60 ouvriers publient texte disant que ouvriers ont compétence particulières et doivent avoir ouvriers à élire à la Chambre. Contestation du fait que le SU abolirait la lutte des classes.

28 septembre 1864 : Ière Internationale. Réunion à Londres : Association internationale des travailleurs. Disciples de Proudhon, de Mazzini, et des réformateurs anglais.

Proudhon, De la capacité politique des classes ouvrières 1865 : critique le manifeste des 60. Il faut une nouvelle forme d’association des travailleurs.

 

Doctrine de Proudhon : « Rentrons dans nos tentes, Israël », considéré comme un peuple élu, ne demande pas de candidature ouvrière, demande qu’on abstienne.

Texte : Dvpt social et économique, puis mutuellisme et conséquences politiques.

Il ne part pas de la politique mais du social et de l’économie.

 

Critique du capitalisme : « La propriété c’est le vol ». Et critique aussi du communisme : s’oppose à Marx. Déteste que l’individu soit perdu dans l’océan communautaire. Communisme asservit par la domination du capital d’Etat. Il faut recourir à des associations de travailleurs : la mutualité (p 55), échange de bons offices et de bons produits. Après cela, fin de l’exploitation, salaires justes, défense du petit artisan, du petit artisan, des petites structures.

 

De là, élaborer une société politique. Pas de centralisation car ça dessaisit les individus qui perdent pouvoir. Prise de pouvoir au quotidien importe. p 64.

De même, éducation mutuelle. Par contre, femmes n’ont que peu de pouvoirs. Sinon, véritable inclusion de tout le monde dans la participation au pouvoir. 

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