Melonio 2

Publié le par 1A 08/09 notes

Séance 2

3/03/09

 

Le ruralisme français

 

Question de ce cours :

 

Quelle importance politique a l'imaginaire de la ruralité dans la France du XIXe siècle ?

Question de l'ordre des représentations : attachement au territoire, aux paysans. Ca n'a pas d'équivalent dans les autres pays, en France, valorisation du paysan, du petit paysan, dans l'imaginaire.

 

 

 

I)       Une figure mythique : le soldat laboureur

 

1792 : soldats enrôlés par Valmy, mythe du soldat laboureur.

1798 : loi Jourdan institue circonscription militaire obligatoire. Fin en 1996.

Observer la figure particulière du soldat laboureur.

 

A) Le soldat Chauvin

 

Nicolas Chauvin, première mention en 1845 dans Dico de la Conversation. Premier dvpt Larousse 1867 article chauvinisme. On se fiche du personnage mais importe le chauvinisme, patriotisme exalté chez les simples. Représentation littéraire et picturale.

Image d’Epinal dans poly, de 1822. Série de représentations, on retrouve les mêmes éléments :

à l’origine, tableau savant d’un peintre d’histoire, Horace Vernet.

 

 

B) Horace Vernet, le Laboureur

 

Représentation diffusée ensuite par gravures et images d’Epinal. Les représentations populaires sont souvent des transpositions de représentations savantes.

Qu’est ce qui est représenté ?

Lieu indéterminé, pan de mur. Au centre, homme indifférencié, avec manches retroussées, traits brutaux et muscles lourds, charrue qui exhume des os de combattant. Tient à la main une croix de la légion d’honneur, signe du soldat laboureur. Autour, du laurier sous forme de demi-couronne = gloire militaire.

Ici, image des années 1820, construction du personnage du soldat laboureur dont les os sont dans la terre de France.

 

C) « La terre, elle, ne ment pas »

 

On retrouve cette représentation dans imagerie du maréchal Pétain. 1941 : La terre, elle, ne ment pas.

Parfois appelé le Maréchal paysan.

On retrouve la pluralité des personnages, on trouve la charrue, d’autres paysans qui bêchent, des soldats au fond.

Eléments qui n’étaient pas en 1820 : petite église au fond, inflexion religieuse, Pétain donnant main au soldat laboureur = culte du chef.

 

II)    Le paysan républicain : Michelet

 

Michelet (1798-1874) décrit le paysan républicain dans Le Peuple. Livre fondateur de l’idée républicaine en France.

Ecrit le Peuple comme une forme d’essai personnel : le chapitre que l’on a est le premier de son ouvrage, qui célèbre des paysans comme figure matricielle du peuple français.

On y retrouve caractères du ruralisme fr républicain :

-          le petit paysan propiétaire marié à la terre par une forme d’érotisme. Spécificité du territoire : la Terre de France appartient à 15 ou 20 millions de paysans qui la cultivent. Alors qu’à l’inverse les Anglais font travailler des paysans, donc pas attachés à terre, sont pays d’exode rural, vont là où il y a du profit.

-          vertus morales. Propriété relève le coeur. Idée que l’on trouve chez Locke. Terre n’appartient pas à celui qui s’en empare mais à celui qui la travaille. Chez Michelet, c’est l’homme qui fait la terre. Idée centrale dans la tradition française. Jules Méline écrit en 1919 un livre Le salut par la terre, programme économique de l’avenir. Il écrit “la question du retour à la terre est de l’ordre moral autant qu’économique”.

 

Vision républicaine et progressiste qui va avec élément passéiste du refus de l’univers de l’argent poussé jusqu’à une forme d’intolérance. Michelet déteste univers capitaliste à l’anglaise.

Construction de l’identité nationale par valorisation de cette catégorie des paysans, notamment les paysans petit-propriétaires.

 

 

III) Le paysan pieux

 

Autour de figure de Barrès : comment dans vie pol du Xxe, la figure du paysan républicain et celle du pieux se mêlent.

 

A) Millet, L'Angélus (1857-1859)

 

On voit homme et femme debout qui récitent l’angélus, très vieille prière du XIIIe siècle, se chante 3 fois par jour, annonce de l’ange à Marie. Millet représente l’angélus : dit qu’il a peint cela pr montrer comment ses aieux lui faisaient arreter les travaux pour prière pour les morts.

Couple de paysans un peu dans l’ombre, on ne voit que leur attitude, quasiment grandeur biblique, piété hors du temps. Frappant : ce tableau dit la nostalgie pour cet univers paysan quitté ds les tps d’exode rural. A fait l’objet d’un engouement patriotique.

Cet attachement est ds une forme littéraire : Barrès.

 

B) Maurice Barrès : le 2 novembre en Lorraine (1902)

 

Porte sur rapport entre la terre et les morts dans livre amori et dolori sacrum. Le 2 novembre en Lorraine, c’est certitude de la terre comme fondement de la patrie.

Roman le plus connu : Les déracinés = comment de jeunes lorrains tournent mal en perdant leurs racines, démoralisation contemporaine.

Ici. dans le texte de 1902 : d’abord thème de la terre et les morts. Le 2 novembre : jour de la commémoration des défunts. p 33 : début pose tt de suite le lien entre la terre et les morts. “C’est la cime de l’année…quelle force d’émotion”. Déjà les cloches : marquage du territoire par le sacré, ont portée symbolique. Le laboureur est celui qui donne des racines, net dans pays de Lorraine.

Barrès se livre à description d’un lieu privilégie : colline de Sion.

“multitude de petits champs bombés comme des cuirasses” = représentation de la marche de l’est, parenté avec le soldat laboureur. Nationalisme post 1870, pas universaliste mais nationalisme de repli. Poly p 35 : le petit village se ramasse contte l’hiver, image du repli chez soi face à l’envahisseur.

Représentation du paysan fondée sur l’enracinement, l’identité régionale s’étend aux frontières de la France, et nationalisme de consolation. Chez paysans, vertus de patience.

 

 

IV) Héritages ?

 

Qu’est il resté de ce ruralisme dans la tradition française.

De Gaulle est l’héritier d’une tradition littéraire : s’inscrit dans tradition des grands mémoires d’Etat. Dans mémoires de guerre, envisage sa retraite à Colombey, enracinement, décrit sa demeure.

Et François Mitterrand dans L’Abeille et l’architecte, attachement au territoire.

 

Peut-on dire qu’il y a fin des terroirs ?

à Pétain, affiche de 1942, la France éternelle.

à Mitterrand, la force tranquille, au fond un clocher comme enracinement de vie rurale fr

à Tapie aux européennes, même petit village français pour montrer enracinement.

à Sarkozy, plus d’église dans le fond ni de petit village mais juste quelques arbres genre « jardin public de Neuilly ». Fin des terroirs ? Pas vraiment, cf Bayrou, l’homme au tracteur qui parle à l’oreille des chevaux, succès du salon de l’agriculture, place dans l’imaginaire français.

Publié dans Mélonio

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