Melonio 7

Publié le par 1A 08/09 notes

Séance 7

21/04/09

 

Femmes dans la cité

 

 

Travail fait avec la méthode de l’examen. Jusque là on a étudié les recherches d’égalité, les tentatives pour promouvoir l’idéal républicain en France ; puis l’inégalité des races aux EU. Aujourd’hui question des femmes et de la citoyenneté des femmes.

 

 

Essai de synthèse

 

Sujet :

La femme de 1848 à 1914, « une citoyenne sans les droits à la citoyenneté ».

(citation de E.S. Carey, poétesse britannique peu connue, 1848).

 

Bornes chronologiques : 1848 suffrage masculin en France, permet de partir d’une date significative pour traiter sujet des femmes et du suffrage.

 

Règles du jeu

 

Tous les documents doivent être obligatoirement utilisés et cités.

La réponse doit être construite suivant un plan.

 

Ordre du travail

 

1/ Lecture de l’énoncé : la commande

2/ Evaluation du dossier : nature des docs, élaboration d’un plan sommaire et problématique

3/ Lecture attentive du dossier : prise de notes succincte

4/ Plan définitif

5/ Rédaction, au moins la moitié du temps pour pouvoir se relire

 

 

Ici, lecture de l’énoncé : citation d’une femme, dimension de protestation, dans les bornes du programme. Si on a des docs d’avant, ils seront utilisés comme l’archéologie du problème.

« Femme »: peut on traiter de la femme sans introduire de précisions nationales ou internationales ?

« Citoyenne ; droit à la citoyenneté » : ne pas seulement penser le suffrage, penser tous les aspects de la citoyenneté.

 

I)                   Chronologie

 

Prise sur le site de l’Assemblée nationale.

 

A)    France

 

septembre 1793 : Déclaration des droits des femmes, Olympe de Gouges.

5 mars 1848 : « suffrage universel » masculin

1849 : élections législatives, Jeanne Deroin candidate

 

B)    Vote femmes

 

Regarder la répartition géographique.

1860 : Etat du Wyoming (EU)

1893 : Nouvelle Zélande

1902 : Australie

1907 : Finlande

1913 : Norvège

1915 : Islande

1916 : Danemark

1918 : GB, Suède, Allemagne, Russie soviétique, Pologne.

 

Au début, tous des pays anglo-saxons de tradition protestante.

Après, toute l’Europe du Nord.

Seulement après la Grande Guerre qu’on a une vague d’autres pays.

Pas de pays latins avant l’Espagne en 1931 ; France en 1944 seulement. Le dernier c’est le Portugal en 1976.

Ce qu’il faut voir : on invite le lecteur à réfléchir sur l’archéologie du suffrage féminin. Il faudra réfléchir sur la diversité des pays, entre les anglo-saxons et les latins.

 

 

 

II)                Le dossier documentaire

 

A)    Texte : George Sand

 

Analyse :

texte de 1848, dans le contexte des SU masculins.

nature : texte ostensible de refus de se porter candidate puisqu’elle trouve cela prématuré, document public argumentatif.

auteur : écrivain célèbre, une « femme publique » puisqu’à l’époque elle rédige les bulletins de la IInde République.

 

B)    Texte Stuart Mill

 

Texte anglais de 1869, contexte politique de la période où on réclame suffrage des femmes au moins à l’échelon local.

Essai : intervention pour le suffrage.

Auteur : philosophe utilitariste, lié à la politique française car ami avec des libéraux et des saint-simoniens. Economiste libéral.

 

Deux auteurs ≠, deux nations ≠, deux auteurs qui défendent le droit de vote des femmes mais l’appréhendent différemment : la française le trouve prématuré, l’anglais le juge indispensable. On peut donc étudier pourquoi deux féministes prennent des positions opposées.

 

 

C)    Iconographie

 

Daumier :

-          les Bas bleus, 1844

-          les Divorceuses, 1848

 

A voir les titres, s’en prendre aux prétentions intellectuelles des femmes (bas bleus) et les divorceuses touchent à la vie privée mais 1848 est aussi date clé du SU.

Docs permettent de montrer pourquoi on est hostile au suffrage des femmes.

 

III)             L’introduction

 

Comment procéder pour une introduction ?

1/ Captatio benevolentiae

2/ Interprétation des termes du sujet

3/ Description du dossier

4/ Problématique

5/ Annonce du plan

 

Ici :

1/ Etonnement : proclamation des droits de l’homme dès 1789 mais ne s’appliquent pas à la femme car exclusion du vote.

 

2/ Citation : citoyenne par droits civils, exclue des droits politiques.

 

3/ Documents : de 1844 à 1869 soit une période clé car l’introduction du SU masculin pose dans sa radicalité la question du vote des femmes ; iconographie de dérision des femmes, deux textes différents dans leurs conclusions, nationalité et sexe des auteurs

 

4/ Le plan :

 

1)      La longue sujétion des femmes

2)      Plaidoyer pour l’égalité : la femme citoyenne

3)      Universalisme et différencialisme ?

Deux voies d’accès à la citoyenneté

 

 

 

IV)             Le plan

 

A)    Longue sujétion des femmes

 

L’infériorité des femmes est tellement ancienne qu’elle paraît naturelle.

Sous l’Ancien Régime cependant, la situation des femmes peut paraître moins mauvaise que pendant une bonne partie du XIXe siècle. Les veuves épouses de seigneurs peuvent hériter d’un fief, les mères abesses peuvent voter aux Etats généraux, on est dans une logique de corps.

 

1/ Tomber en quenouille

 

Situation quand même pas excellente, les femmes qui héritent du fief « tombent en quenouille ». C’est donc tomber en abandon.

Après Emile de Rousseau, il y a un dernier livre sur l’éducation des jeunes filles. La jeune femme idéale s’appelle Sophie, est éduquée intégralement pour « plaire et être subjuguée par Emile ». On ne va pas vers l’égalité Sophie – Emile.

Une des convictions qui se dvpe pdt la Rév est de séparer sphère privée et publique. Les femmes doivent rester dans sphère privée, donc exclues de la politique.

 

2/ Olympe de Gouges

 

On peut résumer ce débat dans le conflit entre deux personnalités rév : la première est Olympe de Gouges qui plaide pour le suffrage féminin, et publie en 1791 Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Art 10 : la femme a le droit de monter sur l’échafaud, elle doit avoir également à la tribune. Olympe de Gouges n’a pas eu le droit de monter à la tribune mais elle est passée à la guillotine en 1793.

Condorcet la soutient : pense que l’argument de l’intelligence, de la capacité ne vaut rien.

Mais c’est un courant minoritaire : le courant révolutionnaire hostile aux droits de la femme est plus présent. Sylvain Maréchal en est représentatif.

 

3/ Sylvain Maréchal

 

Ecrit Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes, 1801. Il trouve 113 raisons d’éliminer les femmes de la sphère publique. Alors que c’est un homme de gauche voire d’extrême gauche : révolutionnaire disciple de Babeuf. Pour lui les femmes sont de l’ordre de la passion et ne peuvent que pervertir l’espace public.

Code Civil en mars 1804 proclame l’incapacité de la femme mariée. Jusqu’en 1938 en France, femme a besoin de l’autorisation de son mari pour universités, banques etc. Cet article 213 est au cœur de l’arg de George Sand : dur d’envisager un SU avec une femme vue comme incapable ou mineure.

 

4/ Daumier les bas bleus

 

Caricatures jouent aves les préjugés d’un temps. Ici il se moque de toutes les femmes qui sortent de leur rôle d’épouse ou de mère : les bas bleus, ou pour être oratricres : les divorceuses.

 

Les bas bleus dans le Charivari.

 

 

Comme chez Aristophane dans L’assemblée des femmes, se moque des femmes qui veulent prendre le pouvoir.

Daumier prend expression de bas bleus, expression anglaise du nom d’un salon où l’un des principaux participants portait de grossiers bas bleus dans une assemblée où il y avait bcp de femmes intellectuelles. Le mot BAS BLEU est resté pour désigner les femmes à prétention intellectuelle. Le mot féminisme n’apparaît qu’en 1932, bcp plus tardif.

Daumier est un progressiste, un républicain modéré. Ici donc trait caractéristique de l’opinion publique majoritaire même dans les franges progressistes de la population.

Femme : couronne de lauriers qui prouve ses prétentions intellectuelles, atrocement maigre pour montrer que masculinité du corps accompagne la masculinité de l’intelligence. La légende renforce cet effet de dérision. Buffon avait dit « le style c’est l’homme » ; Mme de Stael car c’était la grande figure du début XIXe : les références intellectuelles de cette femme sont mal utilisées elle se croit intelligente.

 

5/ Les divorceuses 1848

 

Publie deus séries : une sur les femmes socialistes et une sur les divorceuses ; les deux sont proches dans leur conception. Les deux paraissent dans le Charivari.

Assemblée de femmes dans la tradition d’Aristophane, renouvellée par les circonstances de 1848. Le titre est de l’ordre du privé, mais la lithographie montre sphère publique.

Femmes échevelées (normalement une femme convenable met une coiffe ou un chapeau), qui se bagarrent, emploient un langage révolutionnaire « La Patrie est en danger ». Ces femmes transfèrent la politique sur la question du divorce, font de la parodie de la politique car se replongent directement dans le privé.

Daumier montre la difficulté à penser une égalité des droits alors qu’il y a dissemblance visible, dans le rôle privé et familial. S’ancre dans le corps et le privé : on ne parvient pas à penser le politique sans penser le privé.

 

 

B)    Plaidoyer pour l’égalité

 

Face à cette permanence d’une réflexion sur le corps, comment peut-on plaider pour l’égalité ?

George Sand : écrit en tant que repr éminente des femmes, ce qu’on lui a reproché (style mou, destiné aux enfants). D’abord pas intéressée par la politique « trop ennuyeux ». Vient à la politique par compassion lorsqu’elle assiste en 1832 au massacre des canuts à Lyon et se lie avec des socialistes. En 1848 elle rédige les Bulletins de la Rép et organise des fêtes (avec des bœufs aux cornes dorées). C’est une « femme publique », on lui demande donc de se présenter au suffrage pour montrer qu’une candidature de femme n’est pas absurde alors qu’on fait voter des crétins. Texte pragmatique, qui refuse la candidature, vaudra à George Sand la réputation d’être briseuse de mouvement social (S. de Beauvoir le reproche, alors même que George Sand a eu une vie privée libre, étant « bisexuelle agitée » et entretenant son mari).

 

Texte de Stuart Mill est tout autant inscrit dans un contexte. En 1867, avait déposé un projet de loi sur plus de droits pour les femmes. Père d’une féministe importante.

 

Arg de Sand : vu la sujétion. que reste-t-il aux femmes pour vivre agréablement ? L’adultère. L’inégalité a pour pendant la lutte par la ruse, et la tromperie. Les libertins sont favorables à l’inégalité des femmes car ils en profitent. Cet arg renverse complètement la représentation de Daumier.

Stuart Mill est plus subtil dans l’arg. L’argument de la nature ne vaut rien : le mot contre nature veut dire contre l’usage. S’appuie sur l’exemple de l’esclavage, qui est tjs apparu conforme à la nature, mais c’est un préjugé. Seul l’ordre inégalitaire ancien subsiste et prive les femmes de leurs droits. Pourquoi femmes ne font elles pas une guerre civile, comme esclaves ou ouvriers ? Parce que c’est à l’intérieur des foyers que l’inégalité persiste, et parce qu’il y a des liens affectifs qui empêchent d’envisager une lutte des sexes comme on ferait une lutte des classes.

Les deux textes tentent d’argumenter pour l’égalité  mais tenant compte des différences qui existent. Chez Stuart Mill p 142, la mobilité sociale est le trait principal du monde moderne.

 

En mm tps, faut-il dire que les hommes et les femmes sont semblables ?

Pour Sand, égalité n’est pas similitude. Elle croit à une sorte de nature féminine qui donnerait des talents différents. Encourage femmes à se tourner vers l’éducation, la comptabilité ou les soins à la personne comme la médecine ou la chirurgie. Mais séparation des compétences.

Pour Stuart Mill, il y a des talents spécifiquement féminins (plus portées à la pratique, donc plus adaptées au gvt politique) mais il sent la faiblesse de son argument. D’où réflexion sur l’effet de l’emploi du temps sur les aptitudes féminines. Passe à une réflexion globale sur les dissemblances dans une société.

 

C)    Deux voies d’accès

 

Comment accéder à la citoyenneté ? C’est là qu’il y a opposition entre Sand et Stuart Mill.

 

George Sand :

 - l´égalité civile

-          gradualisme républicain

Par rapport à question du début : il faut d’abord les droits de la citoyenneté dans la code civil avant d’avoir droits politiques. On ne peut pas faire voter une femme en état de dépendance.

 

Stuart Mill :

- l’égalité politique

                        - utilitarisme et différences

Il plaide pour la diversité des compétences dans la politique. Etre différent n’est pas un inconvénient. Et on est bien défendu que par soi-même : l’intérêt général ne résulte que par l’assemblage des intérêts particuliers. 

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