Glossaire HS - 3 décembre à Fin

Publié le par 1A 08/09 notes


Cours du 3 décembre : La scène expérimentale, le moment Pasteur et le deuxième exercice obligatoire


Rappels : Objectivité et rationalité

Deux versions de l’objectivité

  • distance de l’objet et du sujet  Absence d’émotion, d’idéologie, de passion, de politique, de religion, de biais culturel  Objectivité = qualité morale et intellectuelle des sujets

  • intimité de l’objet et du sujet  multiplication des liens permis par l’imagination, religion, culture, idéologie  Objectivité = qualité de l’objet capable d’objecter à ce qu’on dit de lui

Un expérimentateur : celui qui crée une scène sur laquelle les objets s’opposent à ce que l’on dit habituellement d’eux. En ce sens, l’expérimentateur est le porte-parole des objets (cf. Galilée)

Deux versions sur la notion de rationalité

  • par rupture avec toutes les conditions sociales, psychologiques, matérielles, politiques, religieuses

  • par recombinaison de toutes les conditions sociales, psychologiques, matérielles, politiques et religieuses

Si l’on se place dans l’optique de la recombinaison (ce que l’on cherche à faire), il faut donc renoncer à l’accusation d’irrationalité (prix de l’objectivité), très commode lorsque l’on se place du point de vue de la rupture pour disqualifier ses adversaires.


Accusation d’irrationalité

Pourquoi y renoncer ? Pourquoi choisir l’hypothèse de la recombinaison ?

Deux ambitions possibles :

  • version classique : la rhétorique laisse l’irrationnel entrer dans le raisonnement qui irait droit( épistémè) si on enlevait tous les « effets » des passions. Ambition : lutter contre l’irrationalité

  • version non standard : l’accusation d’irrationalité simplifie trop le travail de conviction. La vérité elle aussi a besoin « d’effets » pour être avérée (Aristote : « la rhétorique est le brillant de la vérité »). Ambition : payer le prix complet de la vérité et la comprendre dans sa totalité: se donner les instruments, les moyens, les collègues, etc… de comprendre la vérité dans sa globalité.


Démonstration expérimentale

Le grand élément qui va modifier le rapport « rhétorique »/ « vérité » c’est la démonstration expérimentale.

Deux types d’épreuves, deux styles scientifiques :

  • le style physique mathématique. Ex : Galilée et la conjonction calcul / expérience

  • le style expérimental : rendre visibles les phénomènes par l’épreuve. Ex : le moment Pasteur et la dramatisation de la preuve.

Pasteur combat l’idée d’une génération spontanée de la matière : si on laisse un flacon à long col avec de l’eau à l’air libre, des germes apparaissent de manière semble-t-il spontané. En incurvant l’extrémité du flacon, Pasteur démontre que la germination ne se produit pas, et pose les bases de l’asepsie d’un milieu. En rompant le col, il procède alors à une « contamination dans un milieu de culture » volontaire pour prouver qu’il n’a pas éradiqué les chimériques « forces créatrices »…

En transformant le phénomène en un « artefact » (transposition dans des conditions artificielles : flacon col long, chauffage du liquide, etc.), en organisant une mise en scène (présentation à la Sorbonne avec gestes expérimentaux très précis, puis usage des couleurs vives facilement reconnaissables pour comparer les différents stades de germination), Pasteur produit une « dramatisation » (au sens anglais) de sa preuve (ex de dramatisation : les pubs « chauve avant / chevelu après »)


Porte-parole (première définition)

Quel est le rôle de Pasteur ? C’est un Porte-Parole (notion à la fois scientifique et politique d’ailleurs !). Il parle, en quelque sorte au nom des microbes. Le phénomène dont il parle, il en est le porte-parole fidèle à condition de réaliser une bonne expérience…

Cependant, les faits de Pasteur ne parlent pas par eux-mêmes, et il faut évidemment les faire parler. Petit problème : le seul endroit au monde où l’on a crée la situation d’asepsie c’est à l’école normale. Comment sortons-nous du laboratoire ? (diagramme du cours 3 et 8). Comment faire pour que ce qui est vrai dans le laboratoire sorte vers l’hôpital ? Il faut crée hors du laboratoire des conditions qui soient semblables à celles du laboratoire (le chronomètre de Harrison doit être transporter et s’ajuster au bateau, c’était l’enfance de l’art !). Là, il s’agit de crée un monde entier où l’asepsie se trouve vérifiée, et le seul moyen, c’est de transporter le laboratoire en dehors (clinique) !


Traduction

Cf. La lettre de Pasteur au ministre, où il mêle les différents types de langages pour obtenir des fonds pour sa petite expédition.

L’une des pièces du puzzle pour comprendre relation science et politique est d’observer son double langage :

  • effet de levier : par cette petite recherche, je pourrais tout révolutionner (reprise de l’action)

  • je ne vous promet rien (composition : on aura peut-être que de la connaissance pure…)


« Modus » et « dictum »

La différence entre le « dictum » et le « modus », deux possibilités de suivre l’origine d’un texte

  • Des chercheurs intéressés prétendent que (le réchauffement global est d’origine humaien)

  • Des preuves de plus en plus nombreuses permettent de prendre pour une quasi certitude que…

  • Des chercheurs partiaux et intéressés prétendent que…

  • Des chercheurs stipendiés par les compagnies pétrolières doutent encore que…

 tout ça, ce sont des exemples de « modus » variables, alors que le « dictum » reste le même.


A retenir :

  • Rendre visible les producteurs de connaissance

  • Repérer le double mouvement d’entrée et de sortie vers ces lieux de production

  • Repérer les preuves et les épreuves qui autorisent les porte-parole à parler au nom des faits

  • Situer les discussions et les controverses qui précèdent la stabilisation des énoncés évidents et indiscutables (histoire de l’énoncé)

  • S’interdire de porter l’accusation d’irrationalité

  • Payer le prix du maintien de l’entretien même une fois les énoncés stabilisés.
























Cours du 10 décembre : Apprendre à définir les sciences pour définir les lieux de production scientifique


Science

Comment définir les sciences ?

Aller vers le résultat : science comme une vue du monde ? On parlera alors de Révolution scientifique sur la période XVII-XVIII

Aller vers le lieu de production : (anamorphose de Chrisman sur les connaissances du monde précises). Pour les propositions de sens de l’adjectif technique, voir le cours du 6 janvier


Généalogie par les résultats : la Révolution scientifique

Problème : la révolution scientifique a-t-elle eu lieu ?

Même problème que pour la Révolution française (Tocqueville, Furet) : continuité ou rupture ? Qu’est-ce qu’une révolution ? Evolution du terme :

- « Revolvere » retour en arrière, « revolutio » retour, révolu au Moyen Age, retour des astres.

- Montesquieu : révolution = modification du droit public, changement de dynastie, décadence des Romains

- Diderot : révolution = retour cyclique des ténèbres ; le cours des temps ;

- Cuvier : parlera des révolutions de la Terre.

- Sens anglais : « The Glorious Revolution » (1660) pensée comme une restitution…

- Pour Peter Sloterdijk : la révolution est révolue : explicitation, pas révolution (pas retour au même)

Danger d’insister sur la rupture : livre de Burton Russel qui explique qu’au Moyen Age, on a jamais cru que la terre était plate. C’était a posteriori, au XIX, qu’on a popularisé cette version.

Alexandre Koyré (1892-1964) propose un exemple de bifurcation radicale avec Copernic et Galilée.  Un changement qui nous fait basculer du « cosmos » ordonné à « l’univers infini » par l’application des mathématiques au monde physique , Kepler, Galilée, Descartes, Newton, Laplace… La Révolution copernicienne fait basculer de l’anthropocentrisme à l’espace partout semblable, « res extensa ». De plus, cette primauté des mathématiques renvoie les impressions des sens à la subjectivité humaine 


Généalogie par les producteurs d’informations : ce qui se passe au laboratoire

Une autre généalogie possible, faite de conjonctions historiques entre :

  • le cabinet de curiosité (pleins de petites inventions accumulée sans grande systématisation)

  • l’écriture du « livre de la nature » imprimée et calculée (algèbre et perpective) : première liaison entre le dessin et le texte qui le commente (gravure importante) planche anatomique

  • le laboratoire et l’invention de témoins fiables (les nobles, d’où implication politique)

  • l’institution de la communauté scientifique (cogitamus)  emploi de fiches à remplir circulant d’un chercheur à un autre partout dans le monde, collaboration accrue (et le Web…)

  • la découverte de nouveaux styles de démonstration (rhétorique de la non-rhétorique)


Le Livre

Point intéressant : la même technique (le livre, développé par l’imprimerie) deux effets opposés :

  • Sur le livre de Dieu : Multiplicité des interprétations et déconstruction des schémas d’autorité traditionnelle. Plus il y a de textes, d’interprétation, il y a soupçon de falsification.

  • Sur le livre de la Nature : Multiplicité des interprétations et production progressive d’une autorité nouvelle : plus il y a de textes, il y aura un effet multiplicateur positif. Se mettront en place des mouvements de corrections des preuves proposées partout (comme pour Galilée). Et on ne parle pas de d’Internet. L’imprimerie et Internet sont des méta-inventions.


Méta-invention

Permet de mettre en relation des inventions de toutes sortes, leurs utilités sont donc démultipliées par un effet d’externalité positive…



Dispositif d’inscription

L’instrument minimal :

  • grille permettant le repérage des coordonnées

  • un gnomon pour discipliner le regard (on regarde à travers)

  • un dispositif pour écrire

  • un papier quadrillé sur lequel on enregistre les repères.

Dès lors, on peut transformer ce qui est en 3D en 2D ! Et ce qu’on dira, on pourra le prouver ensuite !

Tout au long du XVII, on essaye de comprendre la production, à partir du monde extérieur, de données  invention de la « boîte noire »


Pédologue

On fait des trous, on prélève des échantillons de terre, puis on les place dans une petite boîte segmentée en petites alvéoles. Le pédologue a transporté des éléments invisibles au milieu de la forêt amazonienne dans un dispositif qui rend les échantillons visibles grâce à la modification des couleurs !

Le sol produit dans les casiers produit de l’information. Puis, sur le papier millimétré, il produit encore plus d’informations.


Information

Simplification du jugement perceptif : on ne dit rien de prouvable, de précis, si l’on est pas fichu montrer un exemple simple ! Il faut pouvoir prouver ce que l’on dit pour que notre énoncé ne soit pas « rumeur » mais « fait ».

Le nuancier : permet de comparer l’échantillon au repère (comme les mèches artificielles chez le coiffeur pour reconnaître la couleur précise de la personne à coiffer)

Qu’est-ce que l’information ? Mettre une donnée dans une forme (mise en forme)

Problème : Perte et gain d’information

Beaucoup d’inscription / peu de matière  Peu d’inscription / beaucoup de matière

Et avec la matière, on est passé dans le domaine du calcul.

Pour repérer une discipline scientifique, il faut repérer le travaille d’information : qu’est-ce qu’elle perd et qu’est-ce qu’elle gagne ? Qu’est-ce qu’on a gagné ? La géométrie, le calcul. Qu’est-ce qu’on a perdu ? Le contact direct avec la forêt.


L’effet de levier des sciences

Grâce aux enchaînements de formes : rendre visibles les phénomènes lointains (empailler un oiseau pour pouvoir l’observer plus à notre aise, ça permet de leur faire produire des connaissances…)

Les rendre compatible avec l’espace de l’écriture.

Assurer la superposition avec les outils de la géométrie et, plus tard, des mathématiques. Permettre ainsi une preuve par désignation directe devant le groupe des interlocuteurs

NB : Rôle capitale du dessin technique (Galilée) qui va permettre de lier l’histoire des techniques et celle des sciences en créant l’univers virtuel de la « res extensa »…


On the rationalization of sight

La science et la technologie ont progressé en relation directe avec la capacité de l’homme à inventer des méthodes grâce auxquelles des phénomènes qu’on ne pourrait sans cela connaître que par les sens du toucher, du goût et de l’odorat, ont pu être visuellement reconnus et mesurés. »  ex : lunette astronomique

Si on s’intéresse au lieu de production scientifique, il va falloir s’intéresser à des lieux très précis en raison de la localisation particulière des scientifiques dans le monde.

Quels sont les traits les plus marquants de la science et du processus de l’information ?

L’accès aux lointains (invisibles, trop petits, trop grands, postulés, supposés)

Par le truchement des instruments (collections, observations, archives, récits, épreuves)

Rendus compatibles avec les techniques d’écriture et publication

Permettant la simplification du jugement perceptifs (le but du modèle est de simplifier)

Entraînant la conviction des interlocuteurs

Qui permettent de stabiliser des phénomènes (Pasteur stabilise le phénomène de la culture)

Que l’on peut ensuite faire sortir du laboratoire

A condition d’étendre et de reproduire toutes les conditions définies dans le laboratoire.

Cours du 18 décembre : Société du risque et biopouvoirs, questions actuelles, approches historiques


Le risque ( important)

La notion de société du risque

  • Le principe responsabilité, une éthique pour la civilisation technologique, 1979, Hans Jonas

  • La société du risque, 1986, Ulrich Beck

  • Les conséquences de la modernité, 1991, Anthony Giddens

On peut avoir une approche positive du risque (Giddens) : depuis les 70’s – 80’s, on serait entré dans une société. Effritement des liens traditionnels (syndicat, mariage, notion de « carrière »)L’individu est maintenant l’entrepreneur de sa propre vie, c’est un acteur qui doit prendre des risques

Ce dimension là n’est pas la plus intéressante : le risque comme quelque chose lié au développement des technologies.

Hans Jonas explique qu’avec l’extension de « l’agir humain », pouvoir technique de l’homme sur le nature, l’éthique kantienne est complètement dépassée (théorie de responsabilité vis-à-vis de l’environnement et des générations futures que ne connaissait pas Kant). Avec l’extension des technologie et la possibilité d’altérer la possibilité même de vie sur terre, il faut étendre notre morale au non-humain.

Ulrich Beck propose un grand récit pour décrire la mutation des sociétés contemporaines : elles sont rentrées dans une nouvelle époque à partir des 70’s caractérisé par un changement fondamental dans le « lieu » du conflit social (avant, affrontement des classes s’affrontant pour la plus-value). Dans les sociétés d’abondances, le conflit se déplace et ne porte plus tant sur la répartition de la production que sur celle des risques entraînés par la production. Le risque devient l’enjeu central du conflit social.

« Dans la modernité avancée, la production sociale de richesse est systématiquement corrélée à la production sociale de risques. En conséquence, les problèmes de répartition propres à la société de pénurie et les conflits qui y étaient liés y sont recouverts par les problèmes et les conflits générés par la production, la définition et la répartition des risques induits par la science et la technique ».

 Les sociétés post-modernes sont caractérisées par un changement de la nature des risques auxquels elles sont confrontés.

Les risques ne sont plus des risques naturels (sécheresse, tremblement, typhon) mais par la modernité (c’est la technologie qui est facteur de risque). Ils ont changé de nature entre risques locaux / risques globaux. Enfin, les risques ont changé de nature dans le sens où les risques industriels du XIXème étaient « assurables » (calculer leur occurrence probable), d’où la possibilité d’instauration de « primes de risques ». Beck fait référence à l’Etat providence de François Ewald (France en 1898 loi sociale) qui répartissait socialement les risques liés à l’industrialisation. Ce changement des années 1890 est crucial même d’un point de vue anthropologique : jusque là, tout accident était rapporté à un responsable humain (ouvrier non dédommagé). A partir des 1890’s, ce système fondé sur l’homme responsable de ses actes, des assurances vont se mettre en place, et corrélativement, le principe de responsabilité individuelle disparaît presque. Point important : pour Beck, ce type de nature des risques perdure, mais est concurrencé par d’autres risques qui ont une probabilité beaucoup plus faible mais un incidence beaucoup plus catastrophique… L’immense succès de Beck est sans doute du à l’explosion de Tchernobyl (écrit en 1986). Cet accident a rendu extraordinairement actuelle l’idée que les risques ont changé de nature…

C’est peut-être moins une société du risque qu’une société de l’incertitude (non quantifiable, pas d’état donné du monde probabilisable et assurable). Cette transformation de la nature des risques transforme la société. Les risques, au XIX, étaient sensibles, visibles, sur lequel le sens commun pouvait s’appliquer. En revanche, la menace radioactive n’est perceptible que par le biais des savants et des moyens scientifiques. D’où la « scientifisation » de la politique, puisque les risques sont devenus le centre du conflit social. L’expertise devient un enjeu crucial des sociétés contemporaines.

Problème de ces définitions : elles partent toutes du principe que le « risque » postmoderne n’existe justement QUE depuis les années 70’s. La prise de conscience de ces problèmes scientifiques pourraient donc déboucher sur des solutions politiques d’ici quelques années ? Pas si sûr…

Au moment de la révolution scientifique, les sociétés qui ont vécu la révolution industrielle ne l’on pas vécu dans un brouillard quant au risque. Elles étaient bien conscience des risques causés par l’amplification de l’extension du domaine de l’agir

 polémiques autour du gazomètre de Paris en 1820, du chemin de fer avec la caricature de Daumier en 1843, l’influence de l’industrialisation ou de la déforestation sur le climat (Cabanis : but de l’étude de la médecine : « étudier l’analogie physique de l’homme avec les objets qui l’entourent » 1805) avec les théories néo-Hippocratiques, danger représenté par la vaccination.

Donc, il ne faut pas croire sur parole Beck , car si on avait déjà conscience des risques au XIX et qu’on les a pris, ce n’est pas le fait de prendre conscience des risques actuel qui fera que tout ira mieux. Il faudra véritablement une volonté politique !


Le biopouvoir de l’Etat

Alors que la variole tuait 1 / 7 Européen, les gouvernements se demandent comment gouverner la santé des populations.

C’est à ce moment là qu’émergent des techniques de gestion de la pensée des populations.

C’est pour cela que l’on se met à faire des statistiques (mettre les maladies et les morts en chiffre)  quantification d’un danger qui permet de penser très différemment ce que peut être le rôle de l’Etat.


Variole

Première épidémie éradiquée par l’Homme à l’aide de l’inoculation et de la vaccination. Elle était responsable, entre autre, de ravages chez les indiens d’Amérique du Sud à l’époque de la conquête par les Espagnols.


Inoculation / Vaccination

Inoculation : importée par Lady Monaigue en 1720 de Turquie (prendre un peu de pus et le mettre sous la peau, diminue fortement la mortalité causée par la variole.

Vaccination : découverte en 1750. Inoculation d’un virus (la vaccine, maladie des vaches) par transfusion de pus. 1/50 de mourir.


Les risques de la technologie

Quelles technologies utilisées pour essayer de gérer les populations ?

C’est à propos de l’inoculation qu’on commence à quantifier pour comprendre les évolutions et penser l’innovation médicale.  Tableaux distribués par les inoculateurs : permet aux gens de comparer et de probabiliser leur chance de mourir, et de comprendre l’intérêt de l’inoculation…

Point étrange : à partir de 1800 avec la vaccination, on ne calcule plus du tout le risque de lié aux procédures médicales, paradoxe pour un XIXème connu pour ses statistiques !

L’Etat français a choisi une toute autre technologie que le risque pour convaincre les populations de se faire vacciner. On disait qu’il n’y avait pas de risques, alors qu’il y en avait :

  • accidents dermatologiques fréquents

  • problèmes des contaminations pyramidales (l’enfant « de base » contaminé par la syphilis en contaminait des dizaines d’autres)

La vaccination n’était pas un choix bénin ou évident !


Etapes de l’inoculation / vaccination
  • l’émergence casuistique du risque (Boston, 1723) : la polémique autour du caractère contre-nature du procédé d’inoculation (un mal pour un bien, fortement réprimé par l’Eglise). Difficultés surmontés par l’argument de la théologie naturelle type Newton ou Galilée : lire dans le livre de la Nature pour savoir si la conduite adoptée est morale (même si objections quant aux risques entraînés par la pluralité des moralités)

  • Risque, sphère publique et expertise (Paris, 1754) : Charles-Marie de la Condamine veut défendre l’inoculation. En tant que géomètre, il propose des tableaux statistiques qui permettent de montrer le risque encouru lors de l’inoculation. De ce fait, il publicise la polémique en faisant juge le public qui n’a qu’à regarder les tableaux en question pour se faire une idée (dramatisation)… Cependant, la campagne de promotion est un échec ? Pourquoi ? Parce que se placer du point de vue de l’Etat holiste (penser en gain de population) et non de l’individu n’est pas très efficace. D’Alembert montre la « préférence pour le présent » (terme économique) des individus (ils préfèrent avoir plus tard 1/7 chances de mourir que tout de suite 1/50)

  • La Condamine a négligé l’usage d’aristocrates pour confirmer le caractère bénin de l’innoculation (nécessité de soutien politique). En revanche, le pouvoir napoléonien fera, dès 1800, usage de son « biopouvoir » (la santé devient enjeu majeur). Mais alors, pourquoi la disparition du calcul de risque ? Parce que les vaccinateurs inventent des techniques de preuve :

    • Expérimentation sur l’homme : condamnés à mort, enfants d’hospices (deux catégories d’êtres« appartenant » à l’Etat, dont on voit bien le rôle majeur)

    • Vaccination puis inoculation pour montrer l’absence de risque (subtile manipulation des preuves, puisque l’inoculation n’a pas pour but de transférer la maladie mais de protéger, nouvel exemple d’évidence - manipulée grâce à l’absence d’un cadre théorique de contrôle – qui marque fortement les décisions des politiques ).

    • Utilisation des enfants d’hospice comme « réserve à vaccin » : on emmène un enfant dans un village, on vaccine tout le monde (soutien d’Etat indispensable)


Clinique

Etape importante dans le processus de diffusion de la vaccination : permet d’établir, dans un environnement artificiel, des technologies graphiques de description des pustules, ce qui permet d’identifier les effets du vrai vaccin contre ceux des « faux vaccins » (en fait, surtout un moyen de ne pas reconnaître l’inefficacité du vaccin, surtout à cause du manque de récidive : il perdait son effet au bout d’un certain temps).

La clinique permet surtout la grande distinction maladie / symptômes (utilisation du mot lésion provoqué par la maladie) alors qu’avant la maladie était perçue comme une essence aux symptômes divers…

L’apparition du moulage permet d’établir qu’il n’y a pas de vraie cicatrice de la vrai vaccine, démontre l’erreur des représentations dites « objectives » qui prenait comme repère « le plus beau spécimen »


Statistiques et hiérarchisation

La statistique est une science dite « camérale » (d’organisation du pouvoir). NB : état et statistique ont la même étymologie…

Après la Révolution française, elles sont très utilisées pour:

  • permettent le cassage des particularisme locaux (usage politique d’un instrument scientifique)

  • permet de montrer le danger de la petite vérole (nouvel usage politisé). On a donc trouvé un moyen de représenter le risque, ce qui a pour conséquence immédiate de rendre intelligible (processus de « publicisation ») pour l’individu , faisant dès lors du problème de la petite vérole un problème politique !

En plus, grâce aux fines colonnes des tableaux à remplir, les médecins vont perdre l’habitude de décrire toute la maladie. Le système pyramidal (renvoi des tableaux aux diverses administrations hiérarchisées), va également produire un effet important)

Le médecin de campagne signale trente cas de variole malgré vaccin  L’administration départementale évoque « quelques cas », l’administration régionale les élude totalement.

On voit qu’un système de hiérarchisation n’est jamais neutre : il faut toujours rouvrir les boîtes noires des statistiques qui sont données au départ. Dans le cas étudié, c’était un magnifique système de filtre à mauvaise nouvelle.

La vaccination a donc été réalisée grâce à l’ignorance du type de dangers produits.

L’Etat, à travers le système vaccinal qui a joué son rôle de filtre à mauvaise nouvelle, et ses soutiens, a pris la charge du poids moral de la décision, mais ce faisant, a produit de l’ignorance et c’est pour cela que l’on a accepté que l’Homme s’unisse de plus en plus avec le virus de la vaccine ! (idée de symbiose très intéressante…)

On voit donc la problématique moderne : connaître le risque ou l’incertitude ne change pas forcément grand chose, il faut véritablement une décision politique pour éviter les catastrophes. Dans le cas du vaccin, les polémiques ont été vite clauses par le pouvoir central et, heureusement, l’innovation a bien fonctionné. Mais dans le cas contraire, les catastrophes produites auraient été directement le fruit d’un mauvais usage du biopouvoir par l’Etat…



Cours du 6 janvier : Définitions conjointes des sciences et des politiques, notion de cosmo-logie et préparation du troisième et dernier exercice


Représentation du pouvoir

Très grand problème : comment représenter la représentation ?

En effet, l’Etat est censé détenir et représenté des pouvoirs multiples : politiques, biopouvoirs (on l’a vu précédemment), voire religieux (frontispice du Léviathan de Hobbes : l’Etat tient l’épée et la crosse de l’évêque). Les Pouvoir que représente l’Etat est donc un hybride, ce qui rend encore plus difficile la représentation de l’Etat lui-même…


Leviathan and the air-pump

Ouvrage qui compare Thomas Hobbes (“politologue”) et Robert Boyle (inventeur de la pompe à vide). Il pose la question de leurs points de vues respectifs, ou cosmo-logie ( de « cosmos » et « logos », donc « manière personnelle de percevoir le monde ») et de leur possible usage simultané :

  • ou bien science de Boyle et politique de Hobbes

  • ou bien science et politique de Boyle plus science et politique de Hobbes

Hobbes, à la fin de sa vie, avait découvert la puissance de la démonstration mathématique, et tout son travail politique se base sur un travail de démonstration (apodictique, une démonstration indiscutable). Ce n’est pas en faisant des expériences artificielles dans des enceintes artificielles qu’on arrivera à donner une vision claire du monde.

Quant à Boyle, il a une idée précise du politique, et du religieux en particulier : la matière doit être inerte. Si des gens attribuent à la matière des activités quelconques, ils nient le pouvoir divin et on s’en sortira jamais. « Organisons une société de gentlemen qui vont constituer des expériences dans lesquelles ils mettront de coté toutes les questions religieuses. Ils vont mettre en œuvre une séparation entre la façon de parler des expériences et les grandes questions politiques » : il invente l’idée de l’autonomie des savants.

Boyle veut la séparation entre les deux, Hobbes la refuse : ce genre d’association, ça revient à une secte de plus…Ce qui choque Hobbes dans les expériences de la pompe à air :

  • c’est horriblement coûteux.

  • Ce sont des expériences totalement artificielles, contrairement à celles de Galilée. On construit un lieu particulier, le laboratoire, dans lequel on ne cherche pas à reproduire des phénomènes existants repérables dans la nature, mais à créer des phénomènes nouveaux mais pas pour autant irréel. On va construire des résultats artificiels, qui ne seront jamais, qui plus est, certains, car on s’échangera des rapports expérimentaux et on débattra, donc pas possible de créer un ordre bien clair.(la secte des pompes à air ?)


Cosmologie

La répartition des êtres en fonction d’une certaine structure (comme les cosmologies qu’on étudie en ethnologie).

Ex : Pour Boyle, la science doit être faite par des gentilshommes. Pour Hobbes, il faut absolument éviter les corps de savants séparés. (opposition entre ceux qui préconisent les finances mathématiques et ceux qui disent que c’est criminel).

Ex : Pour Boyle, tout doit être inerte, Dieu fait marcher la mécanique. Pour Hobbes, on se fout que Dieu ait crée la mécanique, elle est auto-suffisante…

Deux cosmologie différentes

Boyle :

Style descriptif et expérimental

Possibilité du vide

Liberté des corps de savants-gentilhommes

Théologie naturelle essentielle pour la paix sociale


Hobbes :

Style démonstratif : démonstration mathématique

Rejet de l’expérimentation par des corps particuliers de savants (sectes)

Mécanisme et athéisme stricts, impossibilité du vide (sinon les fantômes et les esprits déboulent)

Avec la notion de cosmologies nous passons de l’opposition entre sciences et politiques à des différences entre cosmologies plus ou moins incompatibles.


Porte-Parole (deuxième définition )

Est-ce moi qui parle ou les faits qui parlent ? La question n’a pas de sens : le vaccin ne parle pas, c’est le vaccinateur.

Toutefois, est-ce que Galilée et Pasteur parlent de tout et n’importe quoi ? Non, ce sont les expériences qu’ils préparent qui parlent…

Dans la démonstration (mathématique ou expérimentale) grâce à l’épreuve j’autorise les choses dont je parle à m’autoriser à parler en leur nom.

En cas d’hésitation sur qui parle, je puis désigner du doigt ce dont je parle devant un public assemblé de témoins fiables :

Originalité totale de ce type de porte-parole : présence de la chose par dé-monstration.

Les faits ne parlent pas par eux mêmes, mais c’est pas moi qui invente…


Objet du politique

Quel est l’objet du politique ? (et non de la politique, ce qu’on lit dans les journaux)

Ex : dessin de Hobbes revisité par Shapin et Schaffer : Arène commune du corps politique en voie de composition  Représentation politique / Représentation scientifique font partie du même hexagone.

On ne peut séparer Politique et Science, mais cela réduirait l’objet du politique à un degré zéro (qui va offrir leur chien aux petites filles Obama ?).

L’objet du politique est une « chose » / une controverse / une « issue » en anglais

 Ex : Cellules souche, réforme des droits d’inscription sciences-po, etc…

Point capital :Paradoxe du politique  on se rassemble parce qu’on est pas d’accord

L’objet de la politique, c’est aussi la légitimité des représentations

Ex : le speech de Powell à l’ONU : est-ce que les représentants sont légitimes ? oui

Est-ce que les représentations (photos des armes de destructions massives) étaient justes ? non


José Bové est-il légitime ? oui/non

Est-ce que ce qu’il dit sur les OGM est une représentation légitime de ce que les OGM diraient s’ils pouvaient parler ? Les OGM sont devenue une « issue », il faut donc réunir ET la question de la représentation, ET leurs porte-paroles. Ici, on voit que le porte-parole scientifique et politique doivent être réunis pour débattre.


Les 3 grandes questions du politique 

3 grandes questions qui s’appliquent à des affaires qui réunissent des porte paroles humains et des porte paroles objets : ex = manger du thon rouge, prendre la pilule, prendre l’avion, porter de la fourrure, taper sur un ordinateur…

  • comment s’assembler autour des choses qui divisent ? pour la question des cellules-souches ou du climat, c’est difficile…

  • comment représenter les choses dont il faut débattre ? comment les rendre visible ? par quel truchement/médiation, va-t-on rendre la différence de mortalité entre vaccinés/non-vaccinés ? Dans ce cas précis, par les statistiques, on l’a vu, mais elles ne peuvent solutionner tous les problèmes de représentation.

  • quelle est la règle, l’institution ? comment construire l’arène de la chose public ? Dans le mot « Res publica » après tout, il y a « res », donc les « choses » doivent participer aux débats…


Représentation

Les 3 sens du mot représentation (Latour en a oublié un) :

  • représenter = parler pour

  • re-présenter = rappeler une image, présenter à nouveau (les silhouettes noires sur la route) des choses dont on se serait bien passé : moyen pour combattre le processus d’externalisation (« ça m’arrivera pas à moi » « oublions ça »…)

Scientifique

4 sens du mot scientifique

  • Sens 1 : sérieux, maîtrisisé, rassis, capable de prendre ses distances, curieux, vertus morales et physiques subjectives (antiquité et érudition)

  • Sens 2 : capable de faire parler des phénomènes qui résistent à ce qu’on dit d’eux en les rendant visibles à des tiers – compétences expérimentales objectives (« démonstration » par les Grêce et « expérimentation » au 17ème)

  • Sens 3 : ce qui diffère du politique, du passionnel, du social, de l’idéologique, du religieux – vision du monde en rupture avec d’autres archaïques ou irrationnelles et indépendant des subjectivités humaines (invention Platon reprise au XIX et XX)

  • Sens 4 : ce qui est appuyé sur des données importantes et vérifiables de bout en bout – organisation logistique de chaîne de production (sens du XX°)


Politique

Les différents sens de l’adjectif « politique »…

  • 1 . nouvelle association humains non-humains (politiques pour les historiens et sociologues, apolitiques pour les autres)

  • 2 . conséquences inattendues et création d’un public (politique au sens de Dewey)

  • 3 . met en cause la souveraineté et rentre dans les institutions (politique au sens des sciences politiques ou de Schmitt)

  • 4 . fait l’objet d’un débat entre gens rationnels dans le cadre de la « gouvernance » (Habermas)

  • 5 . routine naturalisée de l’administration, « gouvernabilité » (révélée comme politique par historiens – Foucault – apolitique pour les autres)

Ex du sens 1 : Galilée qui découvre les lunes et les dédie à Côme de Médicis

Le conteneur va modifier complètement la définition du marché mondiale, et donc la cosmologie commune…

Ex du sens 2 : après la crise, les maths financières que personne n’aurait classé comme étant une question politique le sont devenu ! idem pour la théorie de l’évolution

Ex du sens 3 : la liberté de l’Histoire ? est-ce qu’il faut légiférer sur les questions historiques, doit-on pénaliser la non-reconnaissance du génocide arménien ? condamner le révisionnisme ?

NB: les OGM ont commencé au stade 1, sont passé au stade 2, puis sont arrivé, aujourd’hui, au sens 3.

Ex du sens 4 : le débat sur la vaccination par exemple. Ce stade du débat se déroule toujours entre experts.

Ex du sens 5 : l’issue devient routine, elle est naturalisée et devient courante (la vaccination aujourd’hui), la standardisation des prises électriques.

Ces 5 sens sont des moments dans la transformation des affaires.


Politique ou cosmopolitique

« Politique » « Scienctifique »

1 – Nouvelle association 1 - raisonable

2 – public comme problème 2 – épreuve et porte parole

3 – souveraineté 3 – rupture avec opinion

4 – débat raisonnable 4 – logistique

5 – routine invisible


Le cas des Parlementaires

Le « cosmos » est entré en politique. « Cosmos » = bel arrangement. Les parlementaire ne sont pas d’accord sur ce qu’est un bel arrangement (la députéeVerte est contre les vaches qui bouffent des OGM, le Radical est contre la privation des OGM)…

Deux défenseurs de 2 positions défendent chacun le cosmos qu’ils préfèreraient

Umwelt peut , dans ce cas, être rapproché du cosmos

Cours du 14 janvier : Comment faire entrer la nature en politique ?


Cosmogramme

Terme inventé par John Tresch pour décrire les associations de convenance, de coexistence, d’opposition et d’exclusion entre des êtres humains ou non-humains qui doivent dorénavant apprendre à cohabiter. Lorsqu’il y a des désaccords, on peut donc établir une confrontation des cosmogrammes.

Les oppositions ne sont pas des oppositions d’intérêts divergents dans le même monde (cas des explications sociologiques usuelles). Dans ce cas pour s’entendre, il suffit de partager le même monde grâce à une même connaissance scientifique.

Mais dans le cas d’oppositions sur les composants et l’ordonnancement des mondes différents, c’est une véritable« guerre des mondes » qui a lieu, et qui ne peut se clore par le partage d’une même connaissance, puisque les sciences elles-mêmes sont divisées sur la composition des cosmologies…


Concordia / Discordia

Fresque du peintre Sienna Ambrogio Lorenzetti (1280-1348). Elle représente le bon et le mauvais gouvernement. Dans le premier cas, la nature est bien ordonnée, la vie est belle… Dans le second cas, la ville subit une multitude de catastrophes naturelles.

Définition même du politique qui inclue des choses que l’on a appris à réinclure dans la politique : écosystème, nature… Le mauvais gouvernement subit les catastrophes naturelles.


Public

Quel est la signification de l’adjectif « public » ?

Par opposition à individuel ou privé / Par opposition à prévisible, connu, maîtrisable

Public ce qui est pris en charge par l’Etat / Ce qui crée des dépendances inattendues

Ce qui appartient à la collectivité / Ce pourquoi il faut des responsables

La différence public / privé est connue de tous / La différence varie constamment


John Dewey : le pragmatisme

John Dewey considère que le « public » est un « problème »

« Personne ne peut prendre en compte toutes les conséquences des actes qu’il accomplit. En règle générale, c’est pour chacun une question de nécessité de limiter son attention et sa prévoyance aux affaires qui, comme on dit, nous regardent. S’il n’y avait aucune règle générale dans l’existence, quiconque se soucierait des conséquences trop lointaines de ses propres entreprises serait rapidement perdu dans un embrouillamini de considérations irrémédiablement compliquées. Même celui dont l’attitude est la plus généreuse doit se fixer quelque part une limite à ne pas dépasser, et il doit la fixer là où l’intérêt de ceux qui lui sont étroitement associés est en jeu. Ce qui est appelé égoïsme est pour une large part le résultat d’une limitation de l’observation et de l’imagination. »

Opposé à « privé »c’est « égoïste », privé, c’est la chose public et tous les intérêts politiques.

John Dewey explique que c’est rigoureusement possible : on se désintéresse de nos proches, et on crée des conséquences tout aussi inattendues

« Ainsi, quand les conséquences concernent un grand nombre de gens si indirectement impliqués que personne ne peut facilement prévoir comment ils seront affectés, ces gens forment un public qui intervient. Ce n’est pas seulement que les observations combinées d’un grand nombre de gens couvrent plus de terrain que celles d’une personne C’est plutôt que le public lui-même, étant incapable de prévoir et d’évaluer toutes les conséquences, établit certaines digues et certains canaux de sorte que les actions soient enfermées dans des limites prescrites et soient de ce fait suivies de conséquences relativement prévisibles ».

John Dewey, Le Public et ses problèmes

Dans ce cas, de quoi ont besoin les gouvernants aveugle (comme dans l’image de Breughel qui se tiennent pour avancer ensemble) qui tente de poser les limites des actions ? Non pas d’un « voyant » (super-président, trop risqué), mais d’une canne (qui permet le tâtonnement. Dewey et la tradition pragmatiste, insiste sur l’expérience et le tâtonnement. Le bon gouvernement n’est pas celui des gens qui savent, mais celui des gens qui tâtonnent avec des instruments, et le mauvais celui de ceux qui pensent pouvoir se passer d’outils.



Sloterdijk (deuxième définition) : Sphère artificielle et paradoxe du globe terrestre

Avons-nous la politique qui permet de représenter les sphères ? Le politique est obligé de prendre en compte l’ensemble des caractéristiques de cette sphère « monde humain » qui est devenu le seul environnement présent.

Paradoxe du globe terrestre

 l’histoire d’Atlas, quelqu’un qui était supposer porter le monde gigantesque sur ses épaules

 depuis la révolution scientifique, Atlas est celui qui tient le minuscule globe dans sa main, le cartographe (renversement de la métaphore)

Le paradoxe de Sloterdijk, : pendant toute la révolution scientifique, on avait un globe, on savait ce que c’était scientifiquement. Et maintenant qu’on est dans la « globalisation », on n’a plus d’institutions politique, on ne sait plus où elles se trouvent…

La question de Sloterdijk : existe-t-il une politique de la Nature ?


L’Histoire

« L’Histoire est celle de l’Explicitation et non pas de la Révolution ou de l’Emancipation » (Peter Sloterdijk)

Pour Sloterdijk, nous ne sommes pas les héritiers de l’histoire révolutionnaire : nous avons explicité les conditions d’expériences fragiles de la sphère que nous avons constitué.

Ca change la tâche du politique : être l’organisateur de l’explicitation des conditions de la sphère.

Ex d’explicitation du milieu : les gaz toxiques à Ypres en 1915 explicitent douloureusement la nécessité de l’air au moment où il disparaît.

Plus les facteurs de survie diminuent, plus on s’aperçoit que la politique doit intervenir dans les conditions artificielles d’existence.


Parc naturel

Très bon exemple d’une politique de la nature et de sa difficulté majeure : quelle politique pour quelle nature ?

  • le bouquetin, placé dans des réserves, ne subit plus la menace des loups, il devient donc un vraie vache et passe son temps à s’empiffrer. Le directeur du parc, pour satisfaire les touristes, doit donc engager des chasseurs pour remettre de la pression sur les bouquetins et les faire revenir à leur état naturel  leurs conditions de vies sont inchangées, mais leur environnement est devenu totalement artificiel

  • l’opposition parisien / agriculteur : l’agriculteur veut cueillir le fruit de son travail sur la nature (pour lui, elle existe donc bien), tandis que le parisien ne veut surtout pas prélever quoi que ce soit, car il veut la préserver (pour lui, la nature est à recréer)

  • La réintroduction du loup : « Le loup se trouve être le comble de la sauvagerie dans un monde qui s’efforce de la contenir dans des limites très étroites, et le comble de la naturalité dans l’autre, qui la désire : il incarne ces deux valeurs mieux que le lynx. Les dégâts qu’il cause sont pires que ceux du sanglier. Il réunit ainsi les ressorts de la crise. Son installation est vue comme la déroute du domestique dans le monde sauvage-domestique, comme la revanche triomphale de la nature dans le monde nature-artifice.

  • Bruxelles interdit de laisser des carcasses pour les vautour par mesure d’hygiène. Résultat : les vautours s’attaquent au bétail vivant : révélateur de la crise de représentation des non-humains. S’il y avait eu un lobby « vautours » à Bruxelles, la directive n’aurait pas été prise.

On le voit, l’organisation d’un parc naturel ne pose pas l’affrontement Nature vs Culture, mais confrontation des cosmologies et des cosmogrammes…

Loup+bergerie+chien+touriste+ subventions forment un cosmogramme

Mais qui peut être partiellement incompatible avec un autre chaînage : chasse+bouquetin+sport d’hiver+tourisme, etc…


Flèche des temps

Symbole classique du temps modernisateur selon le modèle :

Passé archaïque = Attachement / Avenir = Emancipation, chaque génération plus libre que l’ancienne

Schéma de la flèche des temps selon Latour :

Passé = Attachements partiels / Avenir = explicitation = artificialisation = Attachement amplifiés des nouvelles générations avec l’arrivées de multiples techniques nouvelles…






















































Cours du 19 janvier : Conclusion


Ce qu’il faut retenir :


 apprendre à renverser le double discours sur l’autonomie de la science politique et sur la neutralité scientifique…


il est faux de dire que les techniques sont neutres. Les deux positions doivent être tenues en main : il est vrai que les sciences sont différentes de l’activité politique, ce n’est pas la même chose. Mais il y a cependant toute une série de fils de connexion. Depuis Archimède et les choses mécaniques qui servent à défendre Syracuse, on en a vu des exemples multiples


 tout est affaire de détour : le journal de bord doit avoir convaincu qu’à chaque fois que l’on parle de techniques, on doit considérer un détour. Ex pour présenter un cours, j’ai besoin de ma disquette pour afficher le PowerPoint…


 notion de composition : le grand argument des Humanités Scientifiques, c’est que le monde n’est pas déjà composé. Il n’y a pas déjà un monde naturel qui serait déjà composé et dispenserait de poser les grandes questions. Ce n’est pas parce que l’on s’occupe des problèmes naturels que la question est réglée par la science naturelle. Il faudrait des porte-paroles pour composer des institutions politiques représentatives du monde…


 quelle différence entre bien et mal gouverner quand on se pose la question des hommes et des non-humains ? Gouverner les hommes, le climat, les baleines, les virus… Quel est alors le bon gouvernement quand le domaine du politique qui s’est élargi à l’ensemble des êtres que l’on avait jusque là exclu du politique ? Question importante pour la politique, le droit, etc. Finalement, ce qui définit au fond les Humanités Scientifiques  Sciences Politiques


Petite annexe :

Différence Umwelt / Cosmologie

Umwelt : terme de biologie dont on a parlé à propos de la tique, qui s’étudie à partir d’outils de sciences naturelles… Terme d’éthologie qui prend en compte que des éléments naturels.

Cosmologie : anthropologie d’abord, les anthropologues renvoient à l’ensemble des relations de la nature, des dieux, de la mythologie, des humains, des animaux…










Publié dans Semestre 1

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